La place du travail du soir dans la scolarité des petits français provoque toujours des débats passionnés : trop de travail pour des jeunes fatigués par les rythmes scolaires, disent certains parents, ou bien travail évident pour d’autres « de mon temps on faisait notre boulot sans rouspéter ». Le débat est infini et comme toujours n’offre pas de solution unique.
Le fait est qu’il y a du travail le soir, à la maison et que le jeune doit y faire face. Ceux qui d’ailleurs ont eu des facilités dans les années collège, et ont traversé ces années « sans rien faire » sont le plus souvent complètement déroutés devant le travail du lycée et peuvent perdre pied.
Alors comment se positionner en tant que parent ? Comment trouver le juste équilibre entre le désir légitime d’intervenir, et le besoin évident à cet âge d’apprendre l’autonomie :
De nos jours, les parents occupent une place (très ou trop ?) importante dans la vie de leur adolescent, et les adolescents eux-mêmes attendent à leur insu tout de leurs parents. La famille est le lieu qui doit combler tous les besoins… Quelle erreur !
Il ne faut pas perdre de vue que si pour le parent, le seul enjeu du moment est la réussite scolaire, pour l’adolescent, bien d’autres préoccupations sont à l’ordre du jour: croissance, poids, modification physique et affective, intégration dans le groupe, sexualité..
Il convient donc d’adopter des stratégies qui permettront de garder le contrôle sur la scolarité tout en permettant à l’adolescent de s’autonomiser.
Aider un jeune à s’organiser, veiller à ce que le travail soit fait, s’intéresser avec lui, au contenu des différentes matières est fondamental de la part des parents ; mais les attitudes qu’ils adoptent sont souvent à l’opposé de celles qu’ils devraient avoir. Il est vrai que la passivité du jeune jointe à des résultats en dents de scie ne peuvent qu’agacer et poussent les parents à intervenir toujours plus pour le stimuler. Une telle attitude est inappropriée et risque d’aboutir à l’effet inverse, surtout si cela s’accompagne d’une surveillance étroite du cahier de textes, des notes au jour le jour, du cartable…. L’adulte ne doit plus, à cet âge donner tous les modèles de fonctionnement ni décider à sa place, comme dans l’enfance, mais lui apprendre à gérer ses investissements comme par exemple évaluer le temps nécessaire pour tel travail, lui faire prendre conscience si il nécessite une aide ponctuelle dans telle matière, savoir gérer par lui même son rythme de travail pour un résultat réaliste de la note qu’il souhaite obtenir.
Faire travailler son adolescent, à partir de la classe de 4eme particulièrement, risque de déclencher un cercle vicieux incontrôlable. Cela ne peut que renforcer la dépendance au parent avec le sentiment éternel d’être inapte seul. Le jeune pourra donc être malgré lui, obligé d’affirmer sa différence par une plus ou moins subtile mise en échec des efforts parentaux, soit en cherchant la confrontation et en se butant soit en évitant tout conflit apparent et en glissant dans une « passivité active » qui le fait stagner.
Tout le monde finit par s’énerver, le jeune ne développe pas la confiance en lui ni la maîtrise des ses œuvres ou compétences et attend… Cela provoque ce que l’on peut appeler l’inhibition de la pensée. Pendant ce temps le parent, qui lui aura beaucoup travaillé et se sera beaucoup investi, s’exaspère…
Mettre un tiers dans le travail scolaire (étude, camarade, autre personne) est bien sûr une bonne solution car le tiers n’est pas impliqué affectivement.
Je remarque bien souvent lors des consultations, des parents qui font intervenir un tiers que lorsque la situation est déjà considérablement dégradée et que le lien anxieux et ou d’opposition est déjà installé.
Article rédigé en 2014, remanié depuis