C’est une notion à la mode que celle des « enfants surdoués » ; mais ce phénomène de mode comme c’est habituellement le cas, repose sur un malentendu.
Surdoué signifie en général que l’adolescent a un quotient intellectuel nettement supérieur à la moyenne de ceux des adolescents de son âge ( c’est-à dire au-dessus de 140 ou 150, pour une moyenne de 100 ou de 120 pour ceux qui passent le baccalauréat).
Ces chiffres sont le résultat de tests qui ont fait la preuve de leur validité statistique et peuvent fournir des indications pertinentes pour la poursuite des études, mais qui ne rendent pas compte pour autant de l’intelligence d’un individu. Ils soulignent plus les déficits que les performances.
La performance est une notion complexe. Obtenir de bons résultats aux tests de QI ne garantit pas à l’individu l’absence de difficultés, mais peut être le signe d’une certaine inadaptation dans la vie courante. Le chiffre global d’un QI recouvre souvent des réalités très différentes.
Il existe des enfants avec les résultats très supérieurs à la moyenne sur l’ensemble des épreuves et que l’on peut qualifier de » surdoués harmonieux »; d’autres qui ont des scores très élevés dans certains domaines mais moins brillants voire franchement médiocres dans d’autres sont qualifiés de « surdoués dysharmoniques ». Ces derniers ont souvent de graves problèmes d’intégration notamment scolaires. Certains présentent depuis la petite enfance, des troubles du développement qui compliquent leur adaptation.
Ce déséquilibre peut être mal interprété par les parents avec des lourdes conséquences, car ils préfèrent ne retenir que les performances extraordinaires et mettre sur le compte de ces compétences hors normes les difficultés d’adaptation de l’enfant.
L’école et les programmes scolaires sont jugés responsables de son inadaptation. En réagissant de la sorte, les parents refusent de voir les difficultés notamment relationnelles de l’enfant. Ce type de déni peut être fait à propos d’enfants agités, affectés de troubles l’attention et de désordres plus ou moins sévères de la personnalité et de l’humeur.
On préférera mettre cet ensemble de troubles sur le compte de la supériorité intellectuelle de l’enfant, censé de ce fait s’ennuyer dans une classe normale et se sentir incompris et persécuté; car effectivement on retrouve souvent une corrélation entre les symptômes.
Le propre d’un enfant surdoué et équilibré est de savoir très vite s’adapter aux situations et de compenser par un travail personnel et des intérêts propres ce que les apprentissages scolaires ne peuvent lui apporter. Il peut sauter une classe ou développer des compétences spécifiques sans pour autant se sentir à part, et faire assumer à d’autres ses difficultés.
Il convient donc d’admettre parfois qu’il s’agit de difficultés de la personnalité. C’est une réalité à laquelle il est possible d’apporter des réponses.
Être surdoué est une chance que, toutefois, les difficultés d’insertion de l’adolescent, si elles ne sont pas prises en compte à leur juste valeur, peuvent transformer en poids trop lourd à porter pour le jeune et sa famille.
*Philippe Jeammet
Article rédigé en 2014, remanié depuis
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