Le pensionnat ne peut être, en lui-même, LA solution aux difficultés d’un adolescent. Mais il s’agit indéniablement d’un moyen et d’un outil qui peuvent lui permettre de se dégager de l’impasse dans laquelle lui et ou sa famille est en train de se fourvoyer.
L’intérêt du pensionnat est qu’il offre à l’adolescent la triple possibilité d’être à distance de ses parents, dont il est trop dépendant pour bien les supporter, sans pour autant se retrouver seul , ce qu’il n’est pas prêt encore à assumer, et être enfin encadré, limité et stimulé par des camarades et des adultes neutres affectivement.
En outre, il permet à l’adolescent de sortir de ce paradoxe de l’attachement qui fait que plus il est en insécurité, plus il a besoin d’être rassuré par la présence de ses parents, et plus il est contraint d’échapper à ce qu’il vit comme une emprise de cet entourage en interposant entre lui et sa famille, l’insatisfaction, les plaintes et son propre sabotage de ses potentialités.
Le pensionnat n’est donc ni une punition de l’adolescent, ni la manifestation d’une quelconque défiance à l’égard des parents. Il permet juste au jeune de vivre en dehors du regard parental et de ne pas se sentir soumis à leur désir.
Préconisé relativement tôt, avant 16 ans, il permet de limiter le cercle vicieux de l’échec: l’adolescent cherche à échapper à l’influence parentale, du fait même du besoin qu’il en a, en ne faisant rien sur le plan scolaire notamment de ce qu’on attend de lui ; l’échec s’installe. Cet échec le déprime en même temps que ses parents, il se déçoit, se dévalorise, se démotive. C’est le cercle vicieux. Il perçoit qu’il a besoin d’aide, mais ne supporte pas celle de ses parents, alors il va chercher un appui auprès de ses copains dans une ambiance frondeuse et régressive qui assouvit son besoin enfantin; souvent la prise de stupéfiants ou d’alcool aide à fuir la réalité. C’est le cercle infernal qu’il faut à tout prix éviter avant que les effets soient graves du point de vue de la santé et de la scolarité.
Cependant la pension ne doit pas s’apparenter à une solution pour rompre définitivement avec la famille. Au contraire, en se voyant moins parents et jeunes sortent de leurs exaspérations réciproques, et peuvent profiter les uns des autres quand ils se retrouvent.
Par ailleurs, les contraintes du pensionnat donnent, à beaucoup d’adolescents, le sentiment de la liberté intérieure retrouvée. Ils n’ont plus à supporter ni à s’opposer aux contraintes de la vie familiale qui les incitaient à se réfugier dans leurs chambres et à dépenser toute leur énergie en opposition.
Le seul fait d’évoquer parfois cette séparation suffit parfois à apaiser les conflits.
Les parents sont parfois les plus difficiles à convaincre. Ils redoutent de se couper de leur enfant nourrissent une vraie culpabilité, redoutent que le départ du jeune ne les confronte à leurs difficultés de couple, ce qu’ils appréhendent. Il n’est pas rare aussi, qu’ils se sentent coupables du soulagement que leur procure cette séparation temporaire. Enfin ils peuvent avoir des réminiscences d’un séjour qu’eux-mêmes auraient vécu comme pénible.
Mais le pensionnat a changé depuis leur génération, ils oublient souvent qu’il vaut mieux un mauvais souvenir ponctuel et quelques reproches à faire à ses parents que de s’ancrer dans l’échec avec comme seule finalité la dévalorisation de soi.
Référence : Jeammet
Article rédigé en 2014, remanié depuis